La généralisation des formulaires administratifs sur internet, auxquels les publics et les services sociaux les accompagnant ne peuvent échapper, ont largement complexifié l’accès à de nombreuses prestations et droits pour les populations défavorisées. Une situation dénoncée par la CGT Educ’action... 

 Des demandes de bourse à celles d’allocation logement, de l'inscription à pôle emploi aux démarches auprès de la CPAM, tout tend désormais vers l'instruction en ligne. Et pourtant, aujourd’hui encore, 16% de la population n’a pas accès à internet. Une difficulté qui se conjugue à la restriction des jours d’ouverture des administrations au public…

 Logique budgétaire versus accès aux droits des populations précarisées

 Sous couvert de simplification et de facilitation, la généralisation de la dématérialisation répond avant tout à une logique libérale, visant à réduire le coût des services publics de façon drastique au détriment de l'accès aux droits pour tou·tes. Cette évolution intervient dans un contexte de précarité croissante où la population sollicite de plus en plus les organismes sociaux. Les trois services sociaux de l’Education nationale le vivent chaque jour : les personnes confrontées à la précarité sont les plus éloignées des administrations en raison d’une méconnaissance de leurs droits, de la crainte d’être stigmatisées ou d’une possible défiance. Pour la CGT Educ’action, il est du devoir des services publics d’ « aller vers » ces populations afin de leur donner la possibilité d’accéder aux droits fondamentaux (soins, logement, éducation, etc.).

 Ainsi, aujourd'hui, les publics doivent maîtriser l'outil informatique et la langue administrative, faute de quoi leurs demandes n'aboutissent pas. De plus en plus contraints de réaliser une partie du travail administratif jusqu’ici assurée par l'administration, ils se voient régulièrement renvoyés la responsabilité des délais de traitement, voire du refus des demandes (dossier incomplet, mal renseigné...). La moindre difficulté occasionne une activité à temps plein pour le/la demandeur·euse, génère du découragement et accentue finalement le non-recours des populations les plus fragiles. La résolution de ces situations embolise par ailleurs l’activité des services sociaux au détriment des accompagnements.

 L’Education nationale, nouveau terrain de jeu de la dématérialisation

 Mise en place depuis de nombreuses années dans le supérieur, posant encore d’importantes difficultés aux étudiant·es, la demande de bourse en ligne a envahi les collèges en cette rentrée 2017. Si les formulaires papier étaient encore disponibles en cette phase d’installation, ils devraient disparaitre ces prochaines années au profit du 100% internet. L’an passé, lors de la phase d’expérimentation menée dans quelques académies, plusieurs collèges avaient exigé de sortir du dispositif, conscients des difficultés rencontrées par de nombreuses familles et de l’impossibilité de mettre des personnels à disposition pour les aider. Quelles conséquences dans le futur ? Des personnels surchargés lors des rentrées – notamment les assistant·es sociaux·ales, et des familles privées d’une aide financière pourtant indispensable. Le Ministère aura-t-il l’honnêteté de communiquer l’évolution du nombre de boursiers, notamment dans les académies les plus défavorisées ?

 La CGT Educ'Action exige que la demande en ligne constitue une possibilité offerte au public et non une obligation. Les dossiers de bourse collège, lycée et supérieur doivent ainsi être proposés sous deux formats : papier et dématérialisé. L’information aux familles et étudiant·es doit, par ailleurs, être largement renforcée. Les évaluations réalisées par les assistant·es sociaux·ales en faveur des élèves, des étudiant·es et des personnels quant aux situations complexes doivent être prises en compte dans l’attribution des bourses par les services rectoraux et CROUS.

 Pour la CGT educ’action, l'égalité d'accès de tou·tes aux services publics passe par des services de proximité avec un personnel qualifié et en nombre suffisant pour recevoir et accompagner correctement les publics. L’enjeu demeure celui de choix politiques au service du progrès social et de la protection des citoyen·nes, rendant à chacun·e ses droits.