Base-élèves : instrument d'une politique sécuritaire et policière ?
Le système de gestion centralisé des élèves
de la maternelle au CM2 appelé
"Base-élèves" organise le fichage informatique
et centralisé des élèves au niveau national.
Même si des oppositions s'organisent
dans de nombreux lieux, les enseignants
des départements pilotes sont déjà tenus de
renseigner ce fichier.
Ainsi, toutes les données familiales, sociales,
scolaires et identitaires des élèves
seront transmises par les directeurs d'écoles
à l'IEN, à l'IA puis au Rectorat et arriveront,
via Internet, dans un fichier national
partiellement accessible aux maires des villes.
Le besoin statistique mis en avant par
l'administration va bien au-delà d'un
souci de bonne gestion quand on lit les
champs à renseigner : nationalité, résultats
scolaires, suivis RASED, langue et
culture d'origine, absences, intervenants
éventuels, situation familiale, santé, date
d'entrée en France…
Autant dire que le besoin éducatif des jeunes
n'est pas la seule raison d'être de Baseélèves.
Ce sont toutes les données personnelles
de tous les enfants, et à terme de
toute la population, qui seront centralisées
et partagées entre institutions, non
protégées puisque transitant par Internet.
Ce système se situe dans la droite ligne du
Rapport Bénisti (février 2005), lui-même
suivi par l'expertise de l'INSERM et
dénoncé par le comité "Pas de 0 de conduite
pour les enfants de moins de 3 ans".
Rappelons que cette expertise reposait sur
un postulat privilégiant l'inné (facteurs
génétiques, prédispositions cérébrales) aux
dépens de l'acquis (facteurs environnementaux,
culturels, familiaux) et préconisait la
détection des troubles comportementaux
infantiles dès la crèche.
Au-delà de notre opposition à ce fichier,
nous devons poursuivre l'action pour mettre
en échec collectivement, à tous les
niveaux, ce texte inique que constitue la loi
dite de "prévention de la délinquance". Un
des aspects de ce combat sera d'apporter
notre soutien aux professionnels de tous les
secteurs qui seront amenés à refuser d'appliquer
les dispositions de la loi contraires
à leur éthique professionnelle, remettant en
cause le secret professionnel, voulant en
faire des délateurs.
Solange Fasoli