Expression : Christine Renon, 6 ans déjà…

Il y a six ans. Six ans depuis le suicide de Christine Renon et rien n’a changé dans notre quotidien. Toujours pas d’aide administrative, toujours pas de soutien quand tout va “bien” et encore moins quand ça ne va pas. Les pressions, les charges s’accroissent. Le temps passé à accomplir notre travail aussi, avec ce même sentiment de ne jamais entrevoir le bout du tunnel et l’impossibilité de se satisfaire d’un “j’ai fait tout le travail que j’avais à faire”.

Il y a six ans. Une éternité. Et on continue d’enfoncer les collègues victimes de harcèlement, celles et ceux qui sont épuisé·es à la tâche. “On est un petit bonhomme sans nom”, dit depuis toujours ma mère. Mais là, nous identifions bien qui est “on” et porte la responsabilité de l’état dans lequel se trouve l’École, ses personnels et ses élèves.

Le jour de la dernière rentrée scolaire, notre collègue du Cantal, chargée de classe et donc de fait enseignante et directrice, Caroline Grandjean-Paccoud, abandonnée aux corbeaux par sa hiérarchie, la mairie de son village, la gendarmerie, la justice, a mis fin à ses jours, après des mois de harcèlement lesbophobe et de violence institutionnelle.

Combien d’autres collègues enseignant·es, directeur·ices, AESH, sont poussé·es jusqu’à l’épuisement moral et / ou physique et disparaissent dans le silence et l’oubli ? Pourtant, toujours pas de réflexion sur le cœur de l’École, sur ce qui fait, donne sens à ce qui devrait être un grand service public.

Dans la même indifférence et la même volonté d’étouffer ces tragédies, “on” détruit des rêves et des vies.

 

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