Après (les) 40 000 emplois supprimés en trois ans dans l’éducation nationale, le ministère s’interroge sur la « faisabilité » de supprimer encore 15 à 18 000 postes supplémentaires à la rentrée 2011.
Il adresse une note « interne » aux recteurs destinée à leur expliquer comment le système éducatif, déjà exsangue, pourrait continuer à fonctionner avec (un peu) encore moins d’adultes pour encadrer les enfants, de professionnels pour éduquer, orienter les élèves.

13 leviers sont froidement envisagés, parmi lesquelles sont pointé(e)s l’augmentation des effectifs par classe, le recours à plus de précarité notamment pour les missions de remplacement, la disparition progressive des enseignants spécialisés de RASED (réseaux d’aide), la fermeture pure et simple des petits établissements, la suppression d’emplois administratifs, les réductions d’offre de formation, notamment professionnelle, en lycée, la réduction de l’accueil des petits enfants de 2 et 3 ans dans les écoles publiques …

Cette dernière mesure confirme l’attaque plus globale contre l’école maternelle avec la perte de 68 000 places depuis 2000 du fait des suppressions massives de postes d’enseignants. Elle se conjugue plus largement avec le démantèlement en cours des structures d’accueil des « petits » en crèche, dénoncé par le collectif « pas de bébés à la consigne ». Enfin, la fermeture des petits établissements notamment des collèges en milieu rural, considérés comme trop coûteux participe à la politique incohérente en matière d’aménagement du territoire et de lutte contre les inégalités.

Ces différents stratagèmes issus de la RGPP confirment, s’il était besoin, que toutes les réformes régressives affectant l’école - formation des maîtres, réformes du lycée - sont avant tout destinées à mettre en œuvre à grande échelle la politique de rigueur voulue par le gouvernement en faisant disparaître un emploi de fonctionnaire sur deux. La suppression des moyens octroyés à l’éducation aggravera les problèmes évoqués par le ministre en matière de lutte contre le décrochage scolaire, l’absentéisme et la violence à l’école.

Il y a un réel abîme entre les effets d’annonce de Luc Chatel, la semaine dernière - rythmes scolaires et sport à l’école- et la politique libérale de démolition engagée contre l’ensemble des services publics,dont celui de l’éducation nationale.

C’est la réussite et l’avenir des jeunes qui sont remis en cause !

Pour la CGT, l’ambition d’une école (démocratique) de la réussite pour chaque élève est réalisable. Elle nécessite que les conditions sociales ne soient plus un obstacle insurmontable. Pour cela, il faut que l’Éducation pour tous devienne l’objectif majeur de la Nation et soit donc vue comme un investissement pour l’avenir du pays.

C’est aussi un enjeu social en matière de lutte contre la crise et pour le plein emploi, paramètres indispensables au financement de notre protection sociale

Revendiquer pour cet enjeu de société, comme pour de nouveaux droits et garanties, impose de construire, collectivement, un rapport de force dès le 24 juin à l’occasion de la mobilisation sur les retraites.

Montreuil, le 2 juin 2010