En période de remaniement ministériel annoncé, certains ministres jouent les premiers de la classe et la surenchère des chiffres. Deux ministres tiennent la corde : l’un en matière d’expulsions, Brice Hortefeux, l’autre en matière de suppressions de postes, Luc Chatel. Derrière les proclamations auto-satisfaites et les discours triomphalistes, la réalité de l’état de la société et de l’école n’a échappé ni aux enseignants, ni aux parents ni, au final, aux élèves, victimes de cette politique du chiffre.
La réforme du lycée et de la formation des maîtres, deux
chantiers emblématiques de Luc Chatel, souffrent de la même insuffisance
structurelle car pilotés par l’objectif de suppressions de postes et la
précipitation dans la mise en œuvre. L’encre des nouveaux manuels scolaires de
seconde n’est pas sèche que, déjà, les professeurs stagiaires se
retrouvent, à plein temps, devant les élèves... et parfois sans tuteur !
Aucun bilan sérieux des enquêtes ministérielles -suppression de la carte
scolaire, baccalauréat professionnel en 3 ans, suppression du samedi
matin dans les écoles, accompagnement scolaire…-, et le ministre, qui confond
information et propagande, est bien en reste de fournir des chiffres
incontestables de son "éclatante" réussite.
Autonomie des établissements -comprendre des chefs d’établissement !-,
concurrence entre établissements, dérégulation des moyens via le conseil
pédagogique…, bref l’égalité du droit à l’éducation sur l’ensemble du
territoire national est encore davantage remise en cause.
L’orientation et la vie scolaire sont toujours les maillons faibles du discours
ministériel, Conseillers d’Orientation Psychologues et Conseillers Principaux
d’Education ne sont pas même cités dans ce discours de rentrée. Ces missions
prioritaires reposent désormais essentiellement sur des enseignants non formés
à ces questions complexes.
Les annonces sans concertation, -établissements CLAIR, internats d’excellence…-
ne font pas une politique de réussite pour tous, tout au plus une posture et un
affichage.
Affichage encore la revalorisation des personnels limitée aux premières années
d’exercice, affichage toujours le pacte de carrière dont le droit individuel à
formation (DIF), le droit de mobilité et d’accompagnement qui attendent
toujours mises en œuvre et moyens !
Sur le remplacement dans les 1er et 2nd degrés, le ministre n’est pas à une
contradiction près, entre titulaires non affectés à ces missions et
recrutements de jeunes retraités ou d’étudiants… Or c’est le nombre de postes
aux concours et la titularisation des nombreux précaires qui pourront apporter
une réponse durable aux besoins des écoles, collèges et lycées.
Au final, le ministre peut se prévaloir de ses chantiers, personne n'est
dupe, dans la communauté éducative, de ces annonces quand on connaît la réalité
de la mise en œuvre sur le terrain.
A l’Education nationale, on a un Luc Chatel… mais des châteaux en Espagne, une
politique de villages Potemkine, des vitrines qui masquent un défaut d’ambition
pour une véritable démocratisation de l’éducation.
Au-delà de la question des retraites, c’est ce sentiment d’abandon de l’éducation et de marche forcée dans des "réformes" régressives qui se traduira lors de la grève du 7 septembre.
Montreuil, le 1er septembre 2010