« Les profs décrocheurs ? ». Arrêtons le prof bashing !

 

« École au ralenti, où sont les profs ? », «Les enseignants ont-ils repris le chemin de l’École ? », «Abandon de poste »… Voilà, depuis plusieurs semaines, le genre de propos très largement répandus dans les médias par les éditorialistes ou même certains personnels politiques. Les chroniques évoquant la situation à l’École présentent, sans modération ni distinction, les enseignant·es comme des personnels irresponsables, et parlent même de « profs décrocheurs ».

La CGT Éduc’action dénonce ces propos successifs qui sous-entendent que les enseignant·es refuseraient, et qu’ils·elles en auraient la possibilité, de reprendre le travail et porteraient, ainsi seul·es, la responsabilité du peu d’élèves présent·es dans les écoles et établissements scolaires. Si la CGT reconnait le faible nombre d’élèves accueilli·es quotidiennement, elle rappelle surtout que cela n’est pas du fait ou de la responsabilité des personnels. Cette situation découle directement et uniquement du protocole sanitaire instauré par le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale. C’est bien ce protocole, instauré pour garantir la santé des élèves et des personnels, qui impose le nombre d’élèves accueilli·es en un même lieu de travail et d’étude et donc une éventuelle rotation dans les classes des établissements scolaires.

Pour la CGT Éduc’action, il est inacceptable que les personnels de l’Éducation nationale subissent une campagne de critiques de la sorte. Elle rappelle que, comme tou·tes les autres salarié·es, tous les personnels de l’Éducation nationale n’ont pas cessé de travailler durant la période de confinement afin d’assurer, entre autre, cette « continuité pédagogique » et le lien avec les familles qui ont très souvent loué l’engagement des personnels. Avec l’enseignement à distance, les enseignant·es ont dû faire face à de nombreux obstacles (problèmes techniques, difficulté à garder le lien avec les élèves), mais ont su se réinventer et adapter au mieux leurs pratiques pour les rendre opérationnelles avec ce nouveau mode d’enseignement.

À l’heure de la reprise, mis à part les collègues considéré·es comme personnes à risque, le nombre d’enseignant·es présent·es dans les établissements correspond au nombre d’élèves présent·es en fonction du protocole sanitaire ; les autres étant en télé-enseignement pour assurer justement la « continuité pédagogique » des élèves qui ne peuvent pas être accueilli·es dans les établissements scolaires.

Alors non, la CGT Éduc’action ne peut entendre ce discours délétère et ces propos qui dénigrent toute une profession et qui sont parfaitement injustes et inacceptables. Elle rappelle que les enseignant·es sont des fonctionnaires d’État avec des obligations et ne sont pas en capacité de refuser d’appliquer des mesures légales. Nous rappelons aussi que ce sont des femmes et des hommes qui ont à cœur de faire réussir tou·tes les élèves et l’ont prouvé en étant réactif·ves et disponibles pendant toute la période traversée, comme d’autres personnels assurant des missions de service public. Ils et elles ont donc raison de se sentir blessé·es par ces attaques successives, mais aussi récurrentes.

Montreuil, le 10 juin 2020 

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