Image Communiqué de presse (22/02/08)
Avec de nouveaux programmes rendus, selon ses dires, plus lisibles et recentrés sur les fondamentaux, X. Darcos, suivant en cela les propos du Président de la République, se propose de « remettre de l’école dans l’Ecole ».
 
A croire que jusqu’à présent les enseignants du primaire passaient leur temps et celui de leurs élèves à toute autre chose.
Certes, l’école est perfectible –la CGT n’a d’ailleurs jamais cessé de revendiquer que son organisation et son fonctionnement aillent au bout d’une démocratisation qui reste à gagner afin d’assurer la réussite de tous – mais encore faudrait-il s’attaquer à l’ensemble des causes, sociales et scolaires, des difficultés qui plombent la scolarité de trop de jeunes !
 
Ces nouveaux programmes ne répondent pas à cette ambition.
Mis en place à la rentrée 2008 selon un calendrier précipité qui compliquera encore le travail des maîtres, ils se fixent comme référence le socle commun des connaissances et des compétences, à la conception réductrice. Dans un contexte de déclarations ministérielles et présidentielles valorisant la seule culture du résultat, les évaluations proposées en CE1 et CM2 semblent davantage destinées à répondre aux comparaisons internationales qu’à poser des diagnostics permettant aux enseignants de remédier aux problèmes.
La décision de rendre publics ces résultats, école par école, porte le risque d’une mise en concurrence entre elles.
 
En contradiction avec une organisation de la scolarité par cycles, dont l’application est toujours remise à plus tard, les programmes annualisent les objectifs à atteindre et découpent les enseignements, tournant ainsi le dos à une approche transversale qui donne du sens aux savoirs et aux apprentissages.
 
Proclamer la nécessité du « lire, écrire, compter », c’est laisser croire que ce n’est pas l’objet de l’école aujourd’hui. Limiter les acquisitions à cela, c’est renvoyer implicitement à un « âge d’or » qui, dès la fin de l’école primaire, excluait de toute poursuite d’études de nombreux jeunes des milieux populaires. Le plus beau fleuron de ce retour en arrière est illustré par la future « instruction » - et non plus « éducation », la nuance est de taille ! - civique et surtout morale.
 
Le ministre décide qu’il faut consacrer plus de temps à l’enseignement du français et des mathématiques, ajoute une heure d’éducation physique et prévoit l’enseignement de l’histoire et l’art, mais il se garde bien d’indiquer comment il compte faire entrer l’ensemble dans une durée hebdomadaire d’enseignement réduite de 2 heures à partir de la rentrée… sinon à réduire d’autres enseignements (histoire, géographie, sciences…).
 
Le temps ainsi dégagé sera utilisé pour les seuls élèves qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages, allongeant leur temps de présence à l’école, voire leur proposant des stages pendant les vacances scolaires… Est-ce de cette façon qu’ils retrouveront confiance en eux ?
 
Dans le même temps, les structures spécialisées dans la remédiation (RASED) vont se voir privées d’une partie de leurs moyens.
 
Les élèves du primaire seront-ils ainsi mieux armés pour réussir leur scolarité ? On peut être réservé sur la réponse d’autant qu’une nouvelle fois l’insuffisance des créations de postes, avec l’arrivée de 17 000 élèves supplémentaires en septembre, réduira le taux d’encadrement, pesant ainsi sur les conditions d’étude des enfants et de travail des personnels.
 
Montreuil, le 22 février 2008