Schéma national d'orientation
Le schéma national de l'orientation et de l'insertion professionnelle des jeunes, piloté par Pierre Lunel, délégué interministériel, s'appuie sur le constat, que nous partageons, du grave problème posé par l'importance des sorties sans qualification et les nombreux échecs dans l'enseignement supérieur.    
La responsabilité de ces sorties est avant tout imputée au système scolaire et universitaire ainsi qu’à l’orientation et à ses personnels, sans que soient mis en cause une seule fois les effets des politiques gouvernementales. Au contraire, les mesures prises sont enjolivées et jugées positives. Certes, les dispositions concernant les établissements "ambition réussite", le socle commun, l’apprentissage junior font bien l’unanimité… mais contre elles !
Par ailleurs les liens tissés entre l’Education nationale et le MEDEF autour de la "Semaine école-entreprise" initiée en 1999 sont valorisés, alors que le bilan n’est pas à l’avantage des responsables patronaux.
La CGT considère que les propositions qui ressortent du rapport Lunel sont globalement insatisfaisantes, et pour certaines, dangereuses pour le Service Public de l’enseignement et de la formation.
28 mesures et 4 préconisations ressortent de ce rapport. La FERC-CGT juge d'autant plus favorablement la mesure qui propose d’instaurer la découverte professionnelle pour tous les élèves en classe de 3ème qu'elle reprend une de ses propositions. Le principe est donc positif mais la mise en oeuvre contestable, cette mesure devant s’appliquer sans augmentation du nombre d’heures d’ensei-gnement obligatoire (donc avec des moyens pris sur d’autres matières) et sur un horaire équivalent à deux heures hebdomadaires (le terme "équivalent" induisant une annualisation).
Nous demandons qu’un bilan contradictoire soit réalisé sur la découverte professionnelle 3 heures, sur ses contenus et ses modalités d’application avant d’en généraliser le principe.

Les autres mesures alourdissent la charge de travail des enseignants en leur attribuant, sans rétribution supplémentaire, des missions dévolues aux conseillers d’orientation psychologues, dont ils n'ont pas la formation.
Le rôle de COP se trouverait ainsi redéfini : le métier de conseiller d’orientation (le "P" de psychologue disparait) sera concentré sur la mission de faire connaître le monde économique, les entreprises, les formations et les possibilités d’insertion professionnelle. Cette disposition est en complète adéquation avec le reste du rapport qui considère l’orientation comme une simple information sur les métiers offrant des débouchés locaux.
Les autres mesures avancées expriment le même état d’esprit et visent à cantonner les élèves dans des choix d’orientation effectués dès la troisième, et ce jusqu’à l’université. Ce rapport ne répond en rien aux atten-tes. Bien au contraire, il enfonce des portes ouvertes et propose des mesures rétrogrades pour les personnels, les élèves et les étudiants. Il fait l’unanimité contre lui, sauf pour le MEDEF, qui juge dans son communiqué qu’il va dans le bon sens et qui se réjouit que "les entreprises soient pleinement associées".
D’autre part ce rapport vise également une instrumentalisation de l’enseignement supérieur par les milieux professionnels, en partant de l’illusion d’une adéquation étroite des formations supérieures à l’emploi. L’orientation est une fois de plus accusée de tous les maux et les remèdes sont connus : l'asservir aux besoins patronaux... au lieu de lui donner les moyens de remplir ses missions. L’orientation serait responsable des sorties sans qualification du système scolaire, du chômage des jeunes. Et pourquoi pas bientôt, du dérègle-ment climatique ?
Concernant l’application éventuelle de ce schéma, la CGT (avec ses syndicats du secteur) s’opposera à toute dérive qui irait dans le sens d’un renforcement des inégalités entre les élèves, entre les étudiants, entre les écoles et les sites universitaires. Inégalités, qui inévitablement pénaliseraient surtout les jeunes de milieux modestes. Elle appelle dès maintenant les parents d’élèves, les personnels, les étudiants et leurs familles à tout faire pour que le Service Public d’Education, d’Enseignement Supérieur et de Recherche offre des conditions d’orientation positive et équitable pour tous les jeunes, quel que soit leur milieu d’origine, pour qu'une orientation personnalisée soit assurée grâce à des dispositifs d’accompagnement humain, s’appuyant sur des personnels nombreux et qualifiés.
    
Les mesures préconisées dans ce rapport font la part belle au "travailler plus pour gagner plus" en alourdissant considérablement le travail des enseignants. Il est édifiant de remarquer que cette conception de la valorisation du travail prônée par le Président lors de sa campagne électorale est aussi présente dans un rapport remis le 27 mars par un délégué interministériel se voulant indépendant du pouvoir politique en place !!!   

Christophe Godard (juin 2007)